C’est de la folie pure que de faire confiance aux compagnies de télécoms pour déployer Internet. Ces boîtes ont tout intérêt à retarder et empêcher toute amélioration de la bande passante ou de la neutralité, puisqu’une bande-passante omniprésente, ample et bon marché menacerait leurs investissements.
L’aventure du Net
Au tournant du siècle, les gens en Suède riaient grassement en écoutant les discussions des américains qui se demandaient s’il valait mieux utiliser le câble ou l’ADSL. En Suède, la plupart des maisons avaient été fibrées depuis des années. Moi, Falkvinge, j’avais la fibre dans mon appartement et un débit symétrique à 100 mégas avec une IP statique depuis 1999. Mon serveur était hébergé chez moi.
Je devrais ajouter qu’il n’y avait aucune limitation de rapidité ou de quantité de données échangées, et que c’était bidirectionnel. Ça aurait dû rester comme ça, mais ça ne l’a pas été, comme je vais l’expliquer.
À l’époque, passer un coup de téléphone paraissait déjà anachronique. Pourquoi payer un demi euro la minute pour une connexion 56k quand vous pouviez en passer 10 000 à la place pour un prix fixe bien inférieur ? Les industries de télécom allaient bientôt mourir ou se réduire à peau de chagrin. Nous n’utilisions les services des opérateurs téléphoniques qu’en attendant de passer à autre chose.
Puis, la bande passante de notre foyer fut restreinte. Alors que les capacités de stockage et de calcul des ordinateurs croissaient exponentiellement, la bande passante disponible se réduisit. Tous les petits fournisseurs d’accès à Internet furent rachetés par des gros de l’ancien monde de la téléphonie : Orange, SFR ou Bouygues par exemple en France.
Aventure brisée par les télécoms
C’était aussi prévisible que l’horloge de votre grand-père.
Ça fait sens, après tout : Tous ces commerciaux allaient mourir, donc il firent une manœuvre à la Red Flag, en prétendant qu’ils adoraient Internet, tout en essayant d’empêcher sa croissance et son utilité publique. Si Internet gagne, il désintégrera les entreprises du câble et les opérateurs téléphoniques. Ce qu’ils savent.
Plus que les diverses restrictions mises en place pour empêcher Internet d’être utile, c’est leur manque d’investissement dans des infrastructures qui rendraient Internet omniprésent et très bon marché qui est le principal problème. Regardez par exemple la longue décennie de stagnation de capacité des infrastructures que nous venons de passer.
En 1999, la Suède était n°3 pour la rapidité moyenne de téléchargement montant, après seulement le Japon et la Corée du Sud. À présent, la Suède est en place 18 derrière Hong Kong, Singapour, Taïwan, mais aussi l’Ukraine, la Lettonie, la Lituanie, la Moldavie, et la Roumanie ! À présent en Europe, les pays de l’Est dépassent largement les pays de l’Ouest.
Les politiques qui sont justifiées par l’idée que les opérateurs de télécommunication investiront dans le développement de la bande passante sont folles. Dans la même idée, au début de l’automobile, vous auriez pu subventionner les rares vendeurs de carrosse restant pour investir dans la recherche automobile. Ce qui se passe est au contraire que cette industrie chargée de la recherche des meilleures solutions pour la dépasser acceptera volontiers l’argent public et n’en fera rien, pour en demander plus.
Par exemple, le WiMax est un fiasco. Le WiMax était le «Wifi à l’échelle de la ville». C’était un réseau wifi à longue distance dont les performances dépassaient celles de la 4G et qui ne coûtait pas cher à déployer. Les compagnies de télécoms ont réussi à placer les fréquences officielles du Wifi dans le spectre qu’ils contrôlent. Et le WiMax en est aussitôt mort, aussi sûrement que les pierres tombent. Nous aurions pu avoir des couvertures réseaux urbaines sans identifiant, sans restriction de rapidité ou de taille de données échangées, et… rien. C’est pourtant dans l’intérêt de tous sauf des télécoms.
Techdirt a récemment souligné dans un article que le lobby des télécoms demande de plus en plus le contrôle d’Internet, dans un article titré : «Télécoms de l’UE: donnez leur plus de taxes, et Internet reste sauf».
L’alternative ? Les compagnies d’électricité
Quelle est donc l’alternative, si ce n’est pas de faire confiance aux télécoms ?
Je dirais que les compagnies d’énergie sont de bien meilleurs partenaires publics pour développer Internet. Leurs réseaux sont décentralisés et résilients, comme Internet. Ce sont des investissements de long-terme pour un courant de qualité. Et surtout, ils n’ont aucune vache à lait qui sera tuée par Internet. En Islande, la construction des réseaux énergétiques se discute d’ailleurs en même temps que le déploiement du très haut débit.
De fait, ma connexion actuelle à Internet, avec de nouveau 100 Mb/seconde en débit montant, soit 13 Mo/seconde, est délivrée par ma compagnie locale d’énergie. Vous connaissez beaucoup de gens qui font tourner leur serveur chez eux grâce à leur opérateur téléphonique ?
Je me demande souvent combien d’entreprises en Europe n’ont pas démarré parce qu’elles ne pouvaient pas démarrer à petite échelle à partir de chez soi, et donc quelle est l’ampleur des dommages que les fournisseurs d’accès à Internet ont déjà fait à l’Europe ?