Ce matin, on a découvert que la police suédoise maintenait une base de données étendue des roms en Suède, sans tenir compte d’un précédent casier ou d’une suspicion. Cette base de données hautement illégale inclut les relations de parenté et un quart des roms enregistrés sont des enfants; plus de 50 ont 2 ans. C’est un avertissement fort de ce à quoi cela mène.
Cette base de données, construite par la police suédoise dans le quartier de Scania, n’a été basée sur aucune autre base que le fait d’être rom. Cela a été rapporté par le quotidien suédois Dagens Nyheter aujourd’hui.
Il y a (encore) des lois strictes en Suède qui guident la police quand elle construit des bases de données sur les gens. Les liens de parenté et être issu d’une minorité n’en font distinctement pas partie. La confiance dans le fonctionnement de la loi est vivement épuisée quand la police ignore la loi à ce point, et pire, en sachant que personne ne sera tenu pour responsable pour avoir violé la loi.
La dirigeante du Parti Pirate suédois, Anna Troberg, est furieuse, utilisant un langage fort inhabituel: “Je me suis réveillée devant les nouvelles sur le fichage des roms par la police. Ca me met la rage putain.”
Vaknar till nyheten om att polisen registrerar romer. Jag blir så in i helvete förbannad. #piratpartiet #svpol
— Anna Troberg (@annatroberg) September 23, 2013
Cette base de données des roms est nationale, tentant de ficher les roms dans tout le pays, et la base de données a été accessible pour divers motifs à presque ou tous les employés de la police suédoise. Selon le Dagens Nyheter, les roms n’ont pas été seulement ajoutés à la base de données, mais aussi les gens qui ont eu des relations avec des roms.
“La base de données fichant les enfants roms dans la plupart des villes suédoise moyennes. Un garçon de deux ans à Linköping et sa grande soeur de quatre ans. Deux filles de trois ans à Västerås. Une fille de neuf ans à Växjö. A Jönköping, il y a quatre enfants dans la base de données de la police: un garçon de deux ans, des filles de huit ans, et une fille de dix ans.” — Dagens Nyheter
Ce fichage donne froid dans le dos, voyant l’histoire précédant la seconde guerre mondiale se répéter. Anna Troberg demande des réponses dans un communiqué de presse:
“Les transgressions ne devraient jamais rester impunies. Nous devons demander des comptes des policiers à titre individuel jusqu’au sommet de la hiérarchie. Aussi, nous ne devons pas fuir les questions déplaisantes: quelles autres bases de données secrètes existent en Suède et quelles autres minorités sont fichées ?” — Anna Troberg
Plusieurs personnes notent que des ministres de la justice ont démissionné pour moins que ça dans le passé.
Les gens en Suède qui ont dédaigné avec un haussement d’épaule le débat sur la surveillance de masse NSA/GCHQ/FRA et un “rien à cacher, rien à craindre” semblent s’être réveillés récemment pour critiquer cette base de données. Je dirais qu’ils n’ont aucune raison morale de faire cela; s’ils n’ont “rien à cacher, rien à craindre” des bases de données NSA/GCHQ/FRA, cela s’applique aussi pour celle-là. C’est peut-être le plus clair exemple aujourd’hui de la raison pour laquelle ce cliché ne s’applique pas, et ne s’appliquera jamais. “Rien à cacher, rien à craindre” est dangereux, trompeur, et faux, et si tous ces gens sont sincères dans leur critique, ils sont les bienvenus pour commencer à critiquer par dessus tout la surveillange globale.
Le fichage est un des aspects de la culture de la surveillance globale.
Quoique, à la fin de la journée, je ne peux pas m’arrêter de penser que nous avons de la chance que ce genre particulier de base de données reste illégal. Ca pourrait ne pas être le cas plus longtemps, au vu de la surveillance de masse de la NSA – aidée par le GCHQ anglais, le FRA suédois, et d’autres – qui semble légale, au moins assez superficiellement légale pour que les bureaucrates puissent défendre la surveillance comme légale et écarter les plaintes.
Les gens qui ont défendu la surveillance globale avec le trompeur “rien à cacher, rien à craindre” sont plus que bienvenus pour découvrir où cette attitude dangereuse va nous mener. Ce ne sera pas le dernier exemple.
Traduit par Michel Amorosa