La question n'a jamais été "Comment nous assurons-nous que les artistes soient payés. Elle a toujours été "Comment nous assurons-nous que de l'art soit créé et soit accessible".

Le monopole du copyright n’a jamais été destiné à assurer un revenu à un groupe particulier de personnes. C’est un ordinaire faux contre-argument dans le débat sur le monopole du copyright, même parmi les gens qui pensent que le monopole actuel est plus que fou: “mais nous devons trouver un moyen d’assurer aux artistes une compensation pour leur travail”. C’est simplement une déclaration complètement fausse; le but de l’élaboration d’une politique est de s’assurer que l’art est créé et accessible au public, et que quelqu’un soit payé ou non pour est totalement sans rapport.

Cet argument sur la récompense des créateurs de l’art est une façon très courante d’essayer d’éviter la discussion sur le monopole du copyright. Outre la malhonnêteté intellectuelle de défendre un système qui empêche 99,995% des artistes de toucher toute royalty en utilisant l’argument “les artistes doivent être payés”, pour ensuite voler le reste de l’argent aux 0,005% des artistes, cela reste toujours un argument récurrent. Le problème c’est que c’est tout à fait faux et c’est une diversion; compenser les artistes financièrement n’a jamais été le but du monopole du copyright.

Comme je l’ai écrit précédemment, personne ne doit aucune compensation à un travail fourni, qu’il soit minuscule ou infini. La seule chose qui vaille à un entrepreneur – artistes inclus – toute sorte de compensation est une vente.

Quand aucune vente n’est faite, est-ce un problème pour un artiste ? Indubitablement oui. C’est parfois même tragique. Mais est-ce que cela crée un problème pour le monde entier ? Il y a trois réponses à cette question: non, non et non, dans cet ordre.

Aucun échange n’a jamais eu de lois spéciales garantissant un revenu, et encore moins en allant à l’encontre des progrès de la technologie. Quand les ménages ont eu l’électricité dans les années 20, et que la plus grande industrie dans la plupart des villes Européennes et Américaines fit faillite en quelques années – l’industrie de la fabrication de glace – personne n’a demandé de taxe sur les réfrigérateurs, malgré les nombreuses tragédies personnelles.

Retournons aux détails du monopole du copyright, la constitution des Etats-Unis est positivement claire comme de l’eau de roche dans sa justification de l’existence du monopole du copyright:

… pour promouvoir le progrès de la science et des arts utiles…

Est-ce que vous voyez quelque chose à propos d’assurer un revenu à un groupe particulier dans la société ici ? Non ? C’est parce que ce n’est pas ici. Cela n’a jamais été un but.

Le monopole du copyright est un équilibre entre deux intérêts concurrents: l’intérêt du public à avoir de la culture et du savoir produits, et le même intérêt public à avoir accès à la culture et au savoir. Le public est la seule raison à la base de la construction du monopole du copyright. La seule raison. Le revenu ou non-revenu de quelqu’un ne rentre pas du tout en ligne de compte.

Donc les problèmes qui doivent être résolus sont deux: comment nous assurons-nous que de la culture soit créée, et comment nous assurons-nous que cette culture est accessible au public le plus large. Comment une personne est rémunérée n’est pas un sujet de discussion ici.

(Sur ce point, plusieurs personnes argumenteront qu’aucune culture ne serait créée si les gens ne sont pas rémunérés pour l’avoir créée. Cette déclaration est de manière flagrante fausse, comme prouvée avec succès par des auteurs comme Cory Doctorow, dont les livres sont libres de copie. Comme le sont les miens. Une fois que vous avez réalisé que les auteurs à succès gagnent de l’argent même avec un partage galopant, vous pouvez décompresser de l’attitude névrosée “chaque copie doit être contrôlée”. Mais même s’ils ne le font pas, ce ne serait toujours pas un argument pour abandonner les libertés de parole, de la presse, de réunion, et d’expression en ligne.)

Traduit par Michel Amorosa

Rick Falkvinge

Rick is the founder of the first Pirate Party and a low-altitude motorcycle pilot. He lives on Alexanderplatz in Berlin, Germany, roasts his own coffee, and as of right now (2019-2020) is taking a little break.
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