La liste 2013 de Rick Falkvinge des industries raides mortes

Aujourd’hui il y a un nombre important d’industries qui sont déjà obsolètes, maintenues en vie par pure inertie ou par des subventions politiques. Beaucoup de politiciens, afin de “sauver des emplois”, prennent bêtement des ressources auprès de nouvelles et viables industries et les donnent à celles qui sont obsolètes. “Sauver des emplois” dans ce contexte signifie que les hommes politiques rejettent les moyens de produire au même niveau avec une méthode plus compétitive et moins coûteuse, et il ne faut pas les en féliciter.

La première et plus évidente victime de l’industrie de l’Internet est l’industrie postale, celle qui délivre des courriers physiques. Quand les gens veulent communiquer aujourd’hui, ils ne couchent plus de l’encre sur du papier. En dehors de toute évolution, les factures et les lettres du gouvernement sont toujours remises par cette méthode, mais tout le monde est passé à autre chose. La livraison qui transporte des objets physiques vivent pour le moment mais sont menacées par l’impression 3D.

L’industrie télécom est aussi une industrie raide-morte, spécialement pour les téléphones mobiles, même s’ils emploient toujours des centaines de milliers de gens. Je ne pense pas que j’ai besoin d’expliquer pourquoi les téléphones fixes sont morts, morts, morts et enterrés, mais les téléphones mobiles qui fonctionnent avec les standards de l’industrie télécom sont aussi en voie d’extinction. Comment peut-on le savoir ? C’est facile à voir: en Afrique, des villes sont aujourd’hui connectées en wifi (seulement en wifi, pas de couverture mobile) pour à peu près le coût d’un sac de bonbons, alors que s’équiper en 3G ou 4G coûte un bras. Les nouveaux téléphones sur cette partie de la planète n’ont pas besoin des cartes SIM de l’industrie télécom – ils utilisent en wifi Viber, Skype, WhatsApp, et d’autres moyens de communication gratuits similaires. L’industrie télécom toute entière a été mise de côté et rendue obsolète dès qu’il n’y a plus eu de patrimoine d’infrastructure à considérer. (Ça ne veut pas dire que le réseau domestique est mort – mais que les opérateurs télécoms nationaux proches de monopoles ont acheté les premiers FAI pour empêcher que les réseaux domestiques atteignent tout leur potentiel, en voyant quelle menace ce serait pour leur patrimoine; ne pas confondre réseau domestique, qui est l’Internet, avec la technologie de l’industrie télécom, qui est quelque chose de différent et d’obsolète.)

Une autre industrie raide morte est la télévision. Quand mes parents me disent qu’ils vont regarder “le journal de vingt heures”, parce qu’ils “veulent savoir ce qu’il s’est passé aujourd’hui”, je suis juste sidéré. S’adapter à l’horaire de quelqu’un d’autre pour être gavé de force par un divertissement passif, c’est fini, fini, fini.

De la même manière, l’industrie du droit d’auteur toute entière n’existera plus dans quelques décennies. L’industrie a une inertie importante et un pouvoir de lobbying, et a réussi à faire légiférer leur place sur le marché, mais l’idée qu’un monopole de distribution soit nécessaire pour accéder à la culture et au savoir produit s’est démontrée risiblement incorrecte avec la venue de l’Internet. L’industrie toute entière est ridiculement obsolète.

L’industrie de la carte de crédit est une autre affaire, tué d’un seul coup par bitcoin. Demandez à un commerçant, n’importe quel commerçant, s’il aimerait avoir son argent à la seconde où la transaction a lieu plutôt que devoir attendre 30 à 90 jours, et ne pas payer 3 à 5% de coût d’utilisation de carte de crédit, et il répondra “P*tain, où est-ce que je peux signer ?!”. Ces économies seront au début un avantage compétitif pour les commerçants qui utiliseront bitcoin, capables de transformer une partie de ces économies dans des prix réduits, et leur permettra bientôt d’être plus compétitifs que les commerçants qui accepteront les cartes de crédit. Le concept même de carte de crédit est mort, mort, mort. Il n’existera plus dans dix ans – les cartes de crédit seront aussi obsolètes que les téléphones fixes.

Même chose avec l’industrie bancaire, qui a miraculeusement pu nous facturer entre 50 et 100 $ le simple service de garder pour nous un compte en base de données et gérer quelques transactions par jour au plus. Merci, mais on peut faire ça nous-mêmes maintenant. Les banques sont obsolètes. (Comparez la complexité de ce service avec, par exemple, Google: chercher parmi tous les documents publiés partout dans le monde par toute l’humanité, en un instant, gratuitement. Ca remet les pendules à l’heure.)

La dernière mais non la moindre, l‘industrie de la presse est ridiculement obsolète. Conversation authentique d’il y a quelques années :

– “Qu’est-ce que c’est ?”

– “C’est une impression d’un site d’informations. Apparemment, ils impriment le site une fois par jour en plusieurs milliers d’exemplaires.”

– “Oh. Mais pourquoi feraient-ils ça ?”

– “Je n’en ai vraiment aucune idée.”

Traduit par Michel Amorosa

Rick Falkvinge

Rick is the founder of the first Pirate Party and a low-altitude motorcycle pilot. He lives on Alexanderplatz in Berlin, Germany, roasts his own coffee, and as of right now (2019-2020) is taking a little break.
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