Le ban des «discours d’incitations à la haine» est une erreur grave et irresponsable, car même si ce ban paraît la solution la plus simple, il est terriblement contre-productif.
Plusieurs pays, même s’ils appartiennent au «premier» monde, au «monde libre», mettent des limites à ce que vous pouvez dire en public. Pompeusement, après la célébration de la liberté d’expression dans la Constitution, se trouve une série de restrictions, ce qui est tout à fait contradictoire.
Une des cibles les plus fréquentes et faciles de ces restrictions sont les expressions de rage, haine ou préjugés envers une partie ciblée de la population. Des politiciens irresponsables ont été jusqu’à voter des peines de 5 ans de prison pour réprimer les «haineux».
C’est contreproductif pour trois raisons.
Le principe
Soit vous êtes pour soit vous êtes contre la liberté d’expression. La liberté d’expression existe précisément pour protéger absolument tout ce que quelqu’un(e) peut dire. Pour une raison très simple: il arrive régulièrement que les plus méprisés soient moralement le plus dans leur droit. Les droits pour les homosexuels sont un exemple parfait. Il y a 50 ans, qui aurait imaginé que les homos étaient des humains comme les autres ?
Du reste, aucune protection constitutionnelle n’est nécessaire pour protéger ceux qui disent des banalités comme «les chatons, c’est mignon», «j’aime la glace au cassis» ou «nous avons toujours été en guerre avec l’Eurasie».
C’est pourquoi le fondement de la liberté d’expression est de protéger les opinions qui choquent ou révulsent.
Si vous décidez de ne permettre que ce que vous aimez, demain quelqu’un d’autre vous pourra très bien interdire vos opinions parce qu’il ne les aiment pas. Ces opinions pourront avoir trait à des éléments constitutifs de votre personnalité mais il sera interdit de le dire. Ne riez pas, c’est le cas en Russie pour les homosexuels aujourd’hui.
De manière générale, le populisme est versatile et toutes les procédures d’interdiction que vous mettez aujourd’hui en place pourront très bien demain se retourner contre vous.
Ne jamais se moquer d’un nègre
d’un bougnoule, d’un macaroni ou d’un boche
Monty Python «N'insultez jamais les arabes»
La pragmatique
Les haineux se défoulent quand ils s’expriment. Si vous les empêchez de s’exprimer, il se peut tout à fait qu’ils retournent leur violence directement contre les concernés. Il faut l’empêcher.
Pour ce, il faut pouvoir détecter les mouvements haineux. Les discours de haine sont les premiers éléments d’alerte pour traiter le problème et que les instances de médiation entrent en jeu. Pourquoi toute cette haine ? Quelles sont les raisons sociales ? A-t-on affaire à des abrutis finis ou peut-on les changer ? Existe-t-il une vraie injustice ? N’oubliez jamais que cette dernière possibilité existe toujours.
Dans tous les cas, il faut pouvoir formuler le problème pour le traiter pacifiquement et ce processus commencent par les verbalisations haineuses. Si cette verbalisation n’est pas permise, il est probable que la haine va se manifester directement sous une forme plus violente.
Car bannir des discours ne sert jamais qu’à masquer les problèmes. Tout en faisant sauter les valves de sécurité.
Oh, les protestants détestent les catholiques
Et les catholiques détestent les protestants
Et les hindous détestent les musulmans
Et tout le monde déteste les juifs
Tom Lehrer «La semaine de la fraternité nationale»
L’humanité
Bannir les discours haineux implique que tous les humains ne se valent pas.
Dans certains pays, vous n’avez pas le droit de dire que les gens de certaines cultures ou couleurs de peau sont inférieurs. Pour moi il est factuellement faux que personne ne vaut plus ou moins à cause de ses origines, mais il y a des lois qui le disent.
Car, aucune loi n’interdit de haïr les gens comme moi (blanc, mâle, la quarantaine) nulle part. Mais plusieurs lois veulent «protéger» certains groupes sociaux en particulier. De telle lois ne peuvent pas être justes. Elles sont positivement discriminatoires, mais discriminatoires.
Traduction de Paul Neitse
“De telle lois ne peuvent pas être justes. Elles sont positivement discriminatoires, mais discriminatoires.”
Je pense que cette phrase est fausse. Ces lois sont négativement discriminantes pour tous ceux qu’elles ne protègent pas.